26 janvier 2010

Vous avez dit du bruit?

Autant dire qu'ici, on est davantage perturbé par le crissement du métro aérien que par les nuisances sonores des voisins. Côté rue, c'est à peine si l'on entend quelques sonneries de téléphone filtrer à travers les énormes portes en fer qui isolent chaque foyer. Côté cour, le silence règne, du moins, jusqu'en fin d'après midi. Tandis que le soleil décline, une voix s'élève, perceptible depuis la cage d'escalier et même depuis la cour intérieure. «C'est la petite du 2e, une fille pétillante», nous lance Mme Bezic, alors que nous discutons sur le palier.

Cette fille pétillante s’appelle Madeleine. Etudiante à l'Ecole nationale supérieure – en spécialité design – elle cultive une passion: le chant lyrique. «Quand vous avez sonné, j'ai eu peur que ce ne soit un voisin furieux de m'entendre chanter...», confie-t-elle un peu gênée. Cela aurait été une première car en un an et demi, personne ne s'est jamais plaint de sa musique. Très modeste, Madeleine fait montre d'une timidité touchante. «Je chante quand ma colocataire, Jeanne, n'est pas là. Le soir, elle fait souvent du babysitting et le week-end, elle rentre en province pour monter à cheval», explique-t-elle.

Les profanes ne feraient aucune différence entre la voix de Madeleine et celle d'une cantatrice. Mais elle ne se considère pas comme une professionnelle. «J'ai commencé le chant très tard. Au mieux, je pourrai chanter dans les circuits semi-professionnels», regrette-t-elle. La jeune chanteuse de 22 ans compte néanmoins tenter le conservatoire en fin d'année.

Exceptées ses vocalises, rares sont les animations sonores dans l'immeuble. Et Madeleine y trouve au moins un avantage: «Je peux guetter le bruit de la poubelle quand la concierge la fait rouler sur les pavés de la cour intérieure», dit-elle d'un air amusé. Ainsi, elle est sûre de trouver de la place pour ses poubelles quand elle descend au local pour les jeter...

La jeune étudiante qui trie scrupuleusement ses déchets a longtemps cherché l'emplacement de la borne à verre la plus proche sans jamais oser poser la question à la gardienne. «Je suis du genre à aller acheter du sel plutôt que d'en demander au voisin», précise-t-elle. Madeleine s'est donc fiée à ses sens. «Un jour, je suis descendue poster une lettre et j'ai entendu un bruit de verre brisé. Je me suis retournée et juste dans mon axe, j'ai vu la fameuse borne!», se souvient la chanteuse. Celle-ci se trouve à une cinquantaine de mètres de là...

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