9 mars 2010

Un immeuble qui a du galon


Un signe particulier caractérise notre immeuble. En effet, plusieurs de ses occupants entretiennent un lien étroit avec l'armée. Mme Bezic a acheté son appartement à un militaire,Mme Guélaud, la doyenne, est la veuve d'un officier... Et il se trouve que trois familles de militaires vivent encore dans ces lieux.

« C'est un hasard si nous avons emménagé ici en 2003 », affirme Mme Binot, l'épouse d'un retraité de la marine et fille de militaire. A la recherche d'un appartement rive gauche, ils ont été séduits par ce quartier « aéré » et « pas trop cher » du 15e arrondissement. Mais ce n'est pas tout: « Entre militaires, on se refile souvent les annonces, et nous avons acheté celui-ci à la veuve d’un militaire », ajoute l'occupante du 3e pallier à droite. « Dans le milieu, on ne perd jamais le contact », explique Mme Duval, un étage plus bas. Son époux, un retraité de l'armée de terre, consulte souvent l'annuaire des militaires pour retrouver les anciens de sa promotion de Saint Cyr ou ceux qu'il a croisés dans les garnisons. Les cérémonies officielles leur donnent aussi l'occasion de renouer avec de vieilles connaissances.

A proximité de feu la caserne de l'Arme du Train, notre immeuble se situe en plein coeur d'un ancien quartier militaire. « J'ai des amis [du rang] qui vivent non loin de là, dans les logements de la Défense près du square Dupleix », déclare M. Giraud, officier supérieur de la Marine. Il s'est installé dans ce duplex au 4e et 5e étage côté rue l'an dernier, après 4 mois de travaux. Aujourd'hui, il peut se rendre à pied à l'Ecole militaire, où il travaille désormais après quinze ans passés à sillonner les mers du monde. Père de quatre enfants, M. Giraud apprécie la proximité des transports en commun et des écoles. « C'est un quartier très familial ici, si vous vous baladez près de l'église et de la place carrée, vous rencontrerez plein de familles de militaires », fait remarquer Mme Binot.

La vie de famille, « où le mari est absent de temps en temps pour participer à des opérations », est assez singulière chez les militaires. Et même si les femmes ne travaillent généralement pas, « elles se débrouillent toutes seules, elles assument complètement », affirme en connaissance de cause sa voisine du dessous, Mme Binot.

Autre trait commun chez ces populations: la fréquence de leurs déménagements. Entre l'Afrique, l'Asie et l'Europe, Mme Duval a compté: son mari et elle ont déménagé 19 fois. « A l'époque, on devait partir tous les deux ans. Et on n'était pas prévenu à l'avance de l'endroit où on allait. Cela a été dur pour mes derniers garçons qui changeaient d'école en plein milieu d'année scolaire », se souvient l'octogénaire, qui a perdu son père, au front, au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Malgré l’instabilité qu’il génère, le voyage laisse malgré tout des souvenirs imprescriptibles chez ces familles. « On adore voyager. On part en vacances dans le sud du Maroc pour tenter de retrouver l'ambiance de la garnison du Sahara dans laquelle j'ai servi », ajoute son mari.

Plus que des souvenirs, c’est un véritable mode de vie que ces familles ont en commun. « On se comprend tout à fait », résume Mme Binot; « on a vécu les mêmes choses », affirme M. Giraud de son côté.

Pour autant, nos familles de militaires ne se fréquentent pas plus entre elles qu'avec les autres voisins de l'immeuble. « On se rend des services, parfois. Par exemple, la fille des Giraud garde nos petits-enfants », concède Mme Binot. Mais la plupart du temps, hormis les contacts succincts dans la cage d'escalier ou lors de la Fête des voisins, chaque ménage mène sa vie, de son côté.

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